Séquence à exécuter en cas de vomissement lors de la RCR

Il a été porté à notre attention qu’il semblait y avoir une incompréhension en ce qui a trait à la séquence à exécuter en cas de vomissement lors des manœuvres de réanimation cardiorespiratoires. Nous désirons donc apporter certaines pistes de solutions afin de répondre à cette question qui refait surface de façon périodique.

Depuis plusieurs années maintenant, il est reconnu que les vomissements pendant la réanimation est un phénomène passif qui se produit par l’insufflation d’air dans l’estomac lors des ventilations au masque de poche et que ceux-ci ne doivent pas être considérés comme un changement d’état nécessitant une réévaluation de l’ABC. Il suffit de tourner la victime sur le côté, effectuer au besoin un balayage digital de la bouche à l’aide d’un doigt pour retirer les vomissures solides qui pourraient obstruer les voies respiratoires, retourner la victime sur le dos et « continuer la réanimation ». Or il semble que cette expression laisse place à interprétation et certains se demandent quel serait la meilleure façon de faire.

Il n’existe malheureusement pas, à notre connaissance, d’étude scientifique se penchant spécifiquement sur cette question. Nous pouvons toutefois utiliser certains des concepts clés de la réanimation pour répondre à celle-ci. Premièrement, rappelons-nous que les interruptions lors de la réanimation sont associées à de moins bons taux de survie.

Il a été déterminé qu’afin d’avoir une réanimation de haute qualité, nous devrions effectuer des compressions adéquates pendant plus de 80% du temps total de réanimation. Cette mesure s’appelle la fraction de compressions thoraciques (Chest Compression Fraction) et l’augmentation de cette fraction est associée à une meilleure survie aux arrêts cardiorespiratoires.

Deuxièmement, il est important de se rappeler que les premières compressions du cycle suivant un arrêt de réanimation servent à rebâtir la pression nécessaire afin de faire circuler le sang dans le réseau artériel. Les différents changements de ratios compressions/ventilations auxquels nous avons assistés dans les dernières années, passant de 15 compressions pour 2 ventilations à 30 compressions pour 2 ventilations, sont en partie attribuable à cette découverte.

Finalement rappelez-vous que la réanimation est une situation à haut stress. Lors de ces situations, une formation rigoureuse et simplifiée permet d’exécuter plus facilement des gestes critiques. En somme, l’approche adéquate aux vomissements devrait réduire au minimum les interruptions de compressions lors de la réanimation, assurer l’exécution d’un cycle complet de réanimation afin d’optimiser l’efficacité de nos compressions et s’assurer d’avoir une façon de faire la plus standard possible afin de limiter les situations où il devient nécessaire de prendre des décisions dans des situations de stress.

« C’est pour ces raisons qu’il nous semble adéquat de statuer qu’en cas de vomissement, nous devrions tourner la victime sur le côté, effectuer un balayage digital de la bouche au besoin, retourner la victime sur le dos et recommencer la réanimation par les compressions en débutant un nouveau cycle sans égards au nombre de compressions qui avaient été fait avant de reconnaître la situation de vomissement. Notez toutefois que nous considérons qu’il est futile de tester les candidats sur le choix de procéder aux compressions ou de la ventilation après avoir reconnu et géré adéquatement une situation de vomissement, considérant que les deux approches pourraient être adéquates si on s’assure de respecter les principes préalablement énoncés. »

Cette prise de position vise à offrir aux moniteurs le désirant une référence pour fin d’enseignement.

Nous jugeons qu’il y a bien d’autre points beaucoup plus importants à évaluer dans une réanimation de qualité tel que la reconnaissance rapide de l’arrêt cardiaque, la vitesse et la profondeur des compressions, ainsi que la reconnaissance rapide des complications de la réanimation.

 

(mise en ligne : janvier 2023)