Être ou ne pas être celui qui appelle le 9-1-1?

Par Francis Proulx

Plusieurs sauveteurs n’auront jamais besoin d’appeler une ambulance. Toutefois, pour ceux qui vivent cette expérience, il s’agit d’un grand saut, car cela peut être particulièrement intimidant. Ils hésitent. « Est-ce que ça vaut la peine que je dérange le gros camion jaune pour mon cas? ». Rappelez-vous qu’ultimement, c’est la victime qui acceptera ou refusera d’être transportée en ambulance – à moins bien sûr qu’elle soit dans un état critique. Mais pour accepter ou refuser le transport en ambulance, encore faut-il qu’elle soit présente! De plus, l’enclenchement rapide de la chaîne de survie permet de favoriser le rétablissement de la victime.

Comment déterminer quelle information transmettre lors d’un tel événement? Il y en a tellement! Heureusement, elles peuvent être classées par ordre d’importance.

1. L’INFORMATION DE BASE :
Lorsque vous appelez le 9-1-1, il vous faut d’abord indiquer au répartiteur quelques renseignements de base afin que votre appel soit bien redirigé :

  • Le service requis (ambulance, pompiers, police)
  • L’adresse exacte
  • Le nombre de victimes
  • Le numéro de téléphone de l’appelant
  • Le nom et prénom de l’appelant, ainsi que sa formation

Il est vital de transmettre au minimum les deux premiers éléments de cette liste; ainsi, même si la communication téléphonique est interrompue, les services d’urgence sauront où intervenir. Lorsque vous indiquez qu’il s’agit d’une urgence d’origine médicale, après avoir pris en note les renseignements de base, le répartiteur transférera votre appel à un répondant médical d’urgence (RMU) qui vous assistera à travers trois autres grandes étapes : le protocole d’entrée, un bref questionnaire puis les directives post-envoi.

2. LE PROTOCOLE D’ENTRÉE
Le répondant médical d’urgence est formé pour vous guider au travers de la situation tout en mettant en route le véhicule d’urgence requis. Les questions posées lors du protocole d’entrée (semblable à l’examen
primaire) servent à déterminent l’état de la victime et l’urgence de la situation :

  • Information sur ce qui s’est passé
  • Sexe et âge de la victime
  • État de conscience
  • État de la respiration
  • Qui est la victime (son nom, votre lien avec elle, etc.)

L’exactitude de cette information permet un encodage adéquat du véhicule ambulancier parmi 33 codes et les protocoles qui y sont associés. Ainsi, les RMU peuvent établir un ordre de priorité; par exemple, si la victime est inconsciente et ne respire pas ou de manière
anormale (peu importe la cause), un véhicule est immédiatement mis en direction de l’incident. L’ordre de priorité s’échelonne de 0 à 7, 0 étant urgent et 7 étant non-urgent.

Exemples :

  • Priorité 4 : voies respiratoires obstruées (étouffement) désobstruées au moment de l’appel, ou douleur abdominale seulement
  • Priorité 1 : douleur abdominale et antécédent connu d’anévrisme de l’aorte
  • Priorité 0 : étouffement (obstruction partielle) et respiration anormale

3. UN BREF QUESTIONNAIRE (ENVIRON 30 SECONDES)
Lorsque la victime respire, les RMU posent quelques questions supplémentaires qui permettent d’effectuer en quelque sorte un examen secondaire et de mieux aiguiller les intervenants qui prendront la victime en charge.

4. LES DIRECTIVES POST-ENVOI
Les directives post-envoi visent à minimiser le temps d’intervention sur les lieux; on vous demandera par exemple de préparer les médicaments et la carte d’hôpital ou d’assurance-maladie de la victime. Les normes de l’ILCOR 2015 recommandent d’ailleurs d’utiliser la fonction mainslibres d’un appareil téléphonique mobile afin de pouvoir procéder à l’appel tout en étant en mesure d’agir simultanément.

5. RAPPEL EN CAS DE CHANGEMENT
On vous demandera par la suite d’appeler de nouveau si l’état de la victime change. Par exemple, si elle arrête de respirer, la situation vient se placer en haut de l’échelle de priorité. En résumé, faites-vous confiance! Rappelez-vous qu’il est bien plus dommageable pour une victime de ne pas avoir d’ambulance que d’avoir accès à des soins supplémentaires parfois vitaux.

Remerciement particuliers à Milène Arsenault, à Charles Martinette- Morneau, à Alexandre Boucher et à Marc-Antoine Turgeon pour le contenu de cet article.

Source: Magazine Alerte Printemps / été 2017